Se déplacer à vélo : Un risque à relativiser

La pratique du vélo utilitaire est beaucoup plus sûre qu’on ne le croit. En ville, il n’est guère plus risqué de se déplacer à vélo qu’à pied ! De plus, en connaissant les typologies d’accidents vélo les plus répétées, vous pouvez encore réduire ce risque en appliquant les bonnes pratiques.

Quelques idées fausses sur l’accidentologie à vélo

  • La pratique du vélo est plus dangereuse en ville qu’à la campagne

Le nombre d’accidents en ville est plus important. Toutefois, 2/3 des accidents mortels et les blessures les plus graves ont lieu hors agglomération. Le différentiel de vitesse avec les véhicules motorisés en est la principale cause.

  • Le nombre d’accidents augmente avec le nombre de cyclistes

Il est vrai que le nombre d’accidents augmente. Mais ces chiffres sont à pondérer avec l’évolution du trafic vélo. Dans la métropole de Lyon, le trafic a quadruplé entre 2004 et 2017 alors que le nombre d’accidents n’a été multiplié que par 1,75.

On appelle ce phénomène « la sécurité par le nombre ». Plus les cyclistes sont nombreux sur l’espace public, mieux ils sont vus et prévisibles par les autres usagers. Mais ils s’habituent aussi à la circulation en ville et anticipent mieux les quelques situation à risques. Enfin, cela s’accompagne aussi généralement de mesures pour apaiser le trafic et la réalisation d’aménagements par la collectivité.

  • Pourquoi le casque n’est pas obligatoire alors qu’il est une mesure de protection évidente ?

Tout d’abord, la typologie des blessures à vélo montre que se sont les membres sont les plus touchés. En effet, toutes gravités et toutes pratiques confondues, 47,5 % des cyclistes blessés sont surtout atteints aux bras, 32,6 % aux jambes, 23,3 % au visage et seulement 16,9 % à la tête.

Une étude de l’Icube-Université de Strasbourg a démontré l’inadéquation des normes de résistance des casques avec la cinématique de la trajectoire du cycliste en cas de collision. A cela s’ajoute le fait que les casques sont souvent mal positionnés et peu préservés des chocs.

Enfin, les rares pays ayant généralisé l’obligation du port du casque, constatent tous une diminution du nombre de cyclistes. Or, le bénéfice de la pratique du vélo est plus de 20 fois supérieur aux risques encourus.

Pour en savoir plus : Lire le dossier sur le casque de la FUB

Les types d’accidents vélo les plus fréquents et comment les éviter

Les chutes seul

Dans près de 70 % des cas, le cycliste chute seul. Après une tentative d’évitement d’un usager ou d’un obstacle (poteau, véhicule en stationnement, …), après collision contre un obstacle, à la suite d’une glissade sur voie mouillée, de nuit par mauvais temps et mauvaise visibilité, ou encore par déséquilibre (chargement, bandoulière de sac, …).

Les bonnes pratiques :

Pluie : Roulez à allure très modérée et évacuez l’eau accumulée sur les jantes en pédalant freins serrés sur quelques mètres. Allumez vos phares et mettez votre gilet !

Franchissement de rails de tram : Ralentir et passer la roue avant le plus perpendiculairement possible aux rails. La roue arrière suivra.

Déséquilibre : Équipez vous de sacoches pour transporter des charges

Les angles morts des véhicules à grand gabarit

La principale menace en ville sont les angles morts des poids lourds, bus, cars, et des véhicules utilitaires. De plus, le danger s’accroît lorsque le camion tourne du fait du porte-à-faux (déport sur la gauche avant de tourner à droite). Les accidents vélo – poids lourds sont rares mais souvent fatals pour le cycliste (cas des deux derniers accidents mortels dans la métropole de Lyon).

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Les bonnes pratiques :

Ne remonter jamais un véhicule à grand gabarit par la droite (même en présence d’une bande cyclable) et ne vous arrêtez pas au niveau de ses rétroviseurs ou « collé » à l’arrière du véhicule.

Restez suffisamment à l’arrière de sa remorque. Ou bien, si un sas vélo le permet, placez vous suffisamment à l’avant de la cabine (en ayant préalablement doublé le camion par la gauche).

Si c’est le camion qui s’arrête à votre hauteur, établissez un contact visuel et soyez très vigilant lorsqu’il démarre.

En résumé : Gardez vos distances avec les véhicules à grand gabarit !

Nos associations cyclistes ont interpellé à plusieurs reprises la Métropole de Lyon à ce sujet, en demandant que soient engagées des actions sur les 2 volets suivants :

  • Le déploiement de dispositifs réglementaires existants permettant de limiter ce risque, à savoir : généraliser les cédez-le-passage cyclistes aux feux, tous mouvements confondus et mettre en place des SAS vélos (en veillant à les faire respecter, si besoin par des actions de verbalisation).
  • La mise en place de campagnes d’information et de sensibilisation des usagers sur ce risque majeur.

L’ouverture de portières

Le réseau d’aménagements cyclables de la Métropole de Lyon étant majoritairement en bandes, cette typologie d’accidents est relativement fréquente (entre 17 et 25 % selon les années contre moins de 10 % sur Bordeaux Métropole, Paris ou Lille).

Les bonnes pratiques :

Le décret n° 2015-808 du 2 juillet 2015 relatif au Plan d’Actions pour les Mobilités Actives (PAMA) et au stationnement, a inscrit dans la loi que, sur les voies limitées à 50 km/h ou moins, les cyclistes ont le droit de s’éloigner suffisamment des voitures stationnées sur leur droite.

Ralentissez votre allure et laissez toujours au moins 1 mètre sur votre droite. En prenant votre place sur la chaussée, vous évitez aussi qu’un véhicule vous frôle et vous « coince » contre le trottoir.

Masques de visibilité et stationnements très gênants

Au niveau des carrefours, on observe encore de nombreux masques à la visibilité, dus notamment au stationnement, et qui entraînent des défauts de perception du cycliste (15 % des accidents).

Toutefois, nous devrions voir une nette diminution de ce risque puisque la Loi d’Orientation des Mobilités a instauré un principe de neutralisation du stationnement motorisé dans les 5 mètres en amont d’un passage piéton d’ici fin 2026. Par ailleurs, ces emplacements pourront être réservés au stationnement des vélos ou des engins de déplacement personnel. Un coup double pour les cyclistes qui seront plus visibles et gagneront des parkings vélos !

De plus, le stationnement sur aménagement cyclable est passé de la catégorie stationnement gênant à stationnement très gênant. Il est désormais passible de 135€ d’amende car il est particulièrement dangereux pour les cyclistes en les obligeant à des dépassements et changements de files.

Les bonnes pratiques :

À chaque dépassement et/ou changement de files, indiquez votre changement de direction avec le bras. Et n’oubliez pas de réaliser un contrôle visuel dans votre rétroviseur ou en tournant la tête.

Le comportement accidentogène de certains cyclistes

Le non respect des feux rouges entrainent près de 14 % des accidents dans la métropole de Lyon (contre 10 % sur la CUB et moins de 6 % à Grenoble et Lille).

Les bonnes pratiques :

Le vélo est un véhicule à part-entière et nous sommes soumis au respect du code de la route. De plus, en tant qu’usagers particulièrement vulnérables, soyons d’autant plus vigilants !

Les points forts dans notre agglomération

Contrairement à une idée très répandue, on note très peu d’accidents cyclistes – piétons sur les trottoirs.

Mais le principal point fort de la métropole réside dans des confits de priorité moins nombreux que dans d’autres collectivités. Les conflits de priorité en sortie de carrefour (stop, cédez-le-passage) ne représentent que 7 % des accidents et les accidents de manœuvre (tourne-à-gauche et tourne-à-droite) environ 5 %.

Nous venons de le voir, le risque d’accident à vélo joui malheureusement d’une importance qu’il n’a pas dans la réalité. Les décideurs, mais aussi les employeurs, ont donc un rôle à jouer en encourageant la pratique plutôt que de la refréner.